Si on parlait culture?

L'Ipamac organisait mercredi 13 juin une rencontre autour de la culture dans le pays Nivernais Morvan. L'Ipamac est un organisme qui regroupe les parcs du Massif Central. Attirée par le mot culture dans tous les sens du terme, je décidais de m'y rendre, d'autant plus que la forme n'était pas banale.
Invitée par Jean Bojko, je découvris avec plaisir le menu de la journée.
Un point de rendez-vous à la Chapelle du Banquet à Mhère, lieu-dit absolument magnifique, mais parfaitement inconnu de tous. Prévision donc d'un jeu de piste pour être à l'heure au rendez-vous. Dans ce cas, mieux vaut se munir d'une bonne carte du coin et de sa langue pour demander son chemin aux autochtones, plutôt que d'un GPS qui pourrait nous faire faire des détours incongrus sous prétexte de nous trouver le chemin le plus rapide en voiture. Bien sur, j'avais oublié la carte routière. Mais je dois dire qu'à Mhère on prend soin du touriste puisque la Chapelle du Banquet est pointée sur une carte que l'on ne peut ignorer, étant située sur la place du village. Ensuite, il suffit de suivre les flèches.
A deux kilomètres du lieu-dit, deux des organisatrices transformées en agents de la circulation, nous proposent de nous regrouper dans les voitures, nous expliquant que les places de parking sont rares sur le lieu de rencontre. La solidarité s'organise et nous trouvons une place dans la voiture d'un agent de la DDT, pour lequel nous n'avions pas le moindre préjugé. Nous comprendrons plus tard que malheureusement, ses sujets de réflexion n'avaient pas dépassé les années 80, ce qui est embêtant pour une personne qui  avait tout au plus 50 ans: à 20 ans, il avait cessé de s'ouvrir au monde.
Après 2 kms d'une montée périlleuse par temps de pluie. Nous arrivons donc sur le lieu du panorama. Nous sommes censés découvrir une bonne partie du Morvan, mais c'est le brouillard qui est au rendez-vous et nous apercevons à peine les bancs sur lesquels il est possible de s'assoir pour admirer le paysage.
Heureusement Fabio est présent avec son limonaire et sa musique nous réchauffe, de même que le café offert par Jean. Il nous donne le choix entre un café et un coup de blanc, mais personnellement, je trouve que c'est un peu tôt pour le vin blanc...
Pour poursuivre la matinée, sans perdre trop de monde les organisateurs nous proposent d'entrer dans la Chapelle pour se réchauffer avant la concertation. Fabio nous fait chanter ce qui entretient la bonne humeur (certains maître chanteurs ne méritent pas la prison). Cependant l'air est toujours glacial.
Mais le discours de Patrice Joly, président du Conseil Général de la Nièvre agrémenté à la sauce compagnie Déviation, améliore l'ambiance.
Après, malheureusement les intervenants restent très classiques, et si les interventions qui se déroulent au cours de la journées sont pour certaines très intéressantes, elles nous laissent sur notre faim. En effet la présentation de jean Yves Pineau, le directeur du collectif Ville Campagne est juste et apporte de l'eau au moulin des utopiques qui, comme moi, pensent que l'avenir est à la campagne. Mais malheureusement, nous n'avons guère pu débattre, puisque la première intervention fut celle de l'agent de la DDT. Celui-ci se croyant investi d'une mission particulière, nous dresse un tableau passéiste des mouvements de populations et de l'attrait de nos concitoyens pour la ville, ce qui provoque une lame de fond d'insurrection. Pas très constructif. Après un gentil pique nique à l'abri, les débats reprennent. Mais il me semble bien hasardeux de parler de débats, puisque l'échange est à sens unique. L'exposé d'un politologue dont j'ai oublié le nom nous a accompagné dans notre sieste.

L'artiste un médiateur
Les témoignages des artistes qui oeuvrent dans la régions étaient beaucoup plus intéressants et celui de Jean Bojko a fini de nous réveiller totalement. Mais il était déjà temps de rentrer et nous n'avons pu discuter de l'impact de cette nouvelle construction de la culture dans les campagnes. L'action culturelle permet une véritable médiation. Elle réinvente les codes du lien social. Il est complètement différent de choisir un programme à la Maison de la Culture, de se rendre sur place pour le voir, de saluer rapidement quelques amis en sortant et de repartir se coucher. Recevoir un spectacle dans sa cour de ferme c'est se retrouver nous même acteurs, en tout cas les acteurs de notre vie culturelle. Nous choisissons de recevoir ce spectacle, nous choisissons en partie, les gens qui viendront le voir, mais nous choisissons aussi de nous ouvrir à notre environnement. Parce que ce n'est pas nous qui organisons, mais que nous sommes acteurs de la réception, tout à coup notre lieu paraît ouvert. Ben non, on n'a pas besoin de frapper chez le voisin pour entrer, ou de téléphoner avant de venir! Ben oui, tout le monde peut venir et ensuite on discute de choses et d'autres. Rarement du spectacle d'ailleurs, cela se fait plus tard. Je ne trouve rien de plus barbant que d'être obligée de donner mon avis sur un spectacle tout de suite après l'avoir vu. J'ai besoin de le vivre intérieurement avant de dire ce que j'ai ressenti. Mais bien sur, quand on sort de la Maison de la Culture, ça ne fait pas très sérieux de dire aux amis que l'on ne sait pas ce que l'on a éprouvé après la dernière pièce de jean Luc Révol ou le concert de Juliette. Alors, on trouve des mots, toujours les mêmes, ceux qui vont créer le consensus.

Après la livraisons culturelle du Téatr'éprouvète, moi, je parle tomates et sirop de sureau avec mes voisins, ou des brebis, qui vont bientôt arrivées. On apprend qu'un tel est parti à l'hôpital, qu'un autre est  en voyage et l'on se remémore que le temps passe vite avec toutes nos occupations. Il est pourtant tellement important de rester à l'écoute des autres: alors dans 15 jours on ouvrira notre courre pour réceptionner une nouvelle livraison de culture.

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